J’ai assisté le 18 mars dernier à un événement qui marque un tournant dans la réflexion sur notre héritage européen. Le colloque ILIADE, organisé à la Maison de la Chimie à Paris, a rassemblé près de 800 personnes autour d’une thématique cruciale : « Transmettre envers et contre tout ». Cette journée de conférences m’a permis de mesurer l’ampleur des défis auxquels notre civilisation est confrontée, tout en découvrant des perspectives stimulantes pour sa préservation.
L’héritage européen face aux défis contemporains
La matinée a débuté par une intervention de Philippe Conrad, historien et directeur de la revue Conflits, qui a posé les fondements de notre réflexion collective. « Notre civilisation européenne traverse une crise existentielle majeure« , a-t-il affirmé d’emblée. Son analyse historique a mis en lumière les différentes strates de notre héritage, de l’Antiquité gréco-romaine jusqu’aux contributions des Lumières, en passant par l’empreinte indélébile du christianisme.
Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation ILIADE, a ensuite pris la parole pour dénoncer ce qu’il considère comme une « décivilisation » en cours. Son propos, étayé par des données démographiques et sociologiques, pointait la responsabilité des élites occidentales dans ce qu’il qualifie d' »effacement programmé » de notre identité. J’ai été particulièrement interpellé par sa référence au phénomène migratoire et ses conséquences sur l’équilibre des sociétés européennes.
La table ronde qui a suivi a permis d’approfondir cette analyse avec des intervenants venus de différents horizons intellectuels. La question de la transmission des savoirs et des valeurs a été au cœur des débats, avec une attention particulière portée à l’éducation. Marion Sigaut, historienne, a livré un témoignage édifiant sur l’évolution des programmes scolaires, désormais vidés selon elle de toute référence positive à notre héritage civilisationnel.
Ce premier temps du colloque m’a permis de saisir l’ampleur du défi : comment transmettre ce qui constitue l’essence même de notre identité européenne dans un contexte où les instances traditionnelles de transmission semblent avoir abdiqué leur mission ? Cette question allait trouver des éléments de réponse dans la suite des interventions.
Stratégies de résistance et voies de transmission
L’après-midi a été consacrée aux initiatives concrètes permettant d’assurer cette transmission. J’ai été particulièrement impressionné par l’intervention de Dominique Venner, dont la pensée continue d’irriguer les réflexions du mouvement ILIADE. Sa conception de l’enracinement comme condition de toute renaissance a servi de fil conducteur à plusieurs ateliers pratiques.
Pierre-Émile Blairon, éditeur, a présenté un exposé captivant sur le rôle de la littérature dans la préservation de notre mémoire collective. « Les grands textes européens constituent notre patrimoine commun le plus précieux« , a-t-il souligné. Son plaidoyer pour un retour aux sources littéraires m’a semblé particulièrement pertinent à l’heure où les écrans supplantent progressivement la culture de l’écrit.
La dimension familiale de la transmission a également été abordée par plusieurs intervenants. Anne-Laure Blanc, professeur et mère de famille, a partagé son expérience d’éducation alternative, privilégiant l’immersion dans la nature et la découverte des traditions régionales. Sa démarche, loin de tout repli nostalgique, s’inscrit dans une volonté de réappropriation active d’un héritage vivant.
La question des nouvelles technologies n’a pas été éludée. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les participants au colloque ont montré une réelle maîtrise des outils numériques, considérés comme des vecteurs potentiels de diffusion de nos valeurs. Des initiatives de chaînes YouTube, de podcasts et de sites internet spécialisés ont été présentées comme autant de moyens de toucher les jeunes générations.
Vers une renaissance de la conscience européenne
La dernière session du colloque a ouvert des perspectives encourageantes. Loin de céder au pessimisme, les intervenants ont insisté sur les signes d’un réveil identitaire perceptible dans plusieurs pays d’Europe. Les initiatives locales de préservation du patrimoine matériel et immatériel se multiplient, témoignant d’une prise de conscience grandissante face aux périls qui menacent notre civilisation.
J’ai particulièrement apprécié l’intervention de Guillaume Faye, dont l’analyse géopolitique a montré comment les tensions actuelles pourraient paradoxalement favoriser un sursaut européen. Sa vision d’une Europe des régions, respectueuse des diversités culturelles tout en affirmant une identité commune face aux défis extérieurs, a suscité un vif intérêt dans l’assistance.
La journée s’est achevée par un appel à l’action de Jean-Yves Le Gallou, invitant chacun à devenir un passeur de flamme dans son environnement immédiat. Cette conclusion a donné une dimension concrète et personnelle à l’ensemble des réflexions partagées durant ce colloque. J’ai quitté la Maison de la Chimie avec le sentiment que la transmission de notre héritage n’était pas seulement un devoir théorique, mais bien un engagement quotidien à la portée de chacun.
Cette journée m’a confirmé que le mouvement ILIADE, au-delà des clivages politiques traditionnels, parvient à fédérer des énergies diverses autour d’un projet commun : la défense et la transmission d’un patrimoine civilisationnel menacé. Face aux vents contraires, ces hommes et ces femmes témoignent d’une détermination qui pourrait bien être le ferment d’un renouveau européen que beaucoup jugent désormais nécessaire.

Analyste politique rigoureux, Thomas décrypte les mécanismes du pouvoir et les décisions publiques avec clarté et esprit critique. Son credo : rendre lisible ce qui est volontairement complexe. Amateur de romans noirs et de débats de fond.