En ce début d’année 2019, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Jordan Bardella, étoile montante du Rassemblement National. À 23 ans seulement, ce jeune homme au parcours fulgurant s’impose déjà comme l’une des figures incontournables de la politique française. Notre conversation s’est naturellement orientée vers l’un des sujets qui lui tient particulièrement à cœur : le modèle politique italien sous la direction de Matteo Salvini. J’ai souhaité approfondir cette référence constante dans son discours pour comprendre les ressorts d’une admiration qui dépasse le simple soutien idéologique.
L’Italie de Salvini comme référence politique pour le Rassemblement National
En analysant minutieusement le discours de Jordan Bardella, j’ai pu saisir ce qui, dans l’expérience italienne, nourrit sa vision politique. « L’Italie de Matteo Salvini représente un modèle de gouvernance alternatif que nous observons avec attention » m’a-t-il confié dès les premières minutes de notre entretien. Ce n’est pas tant la personnalité de Salvini qui intéresse le jeune dirigeant français, mais bien la manière dont il a su transformer ses promesses électorales en actions concrètes.
Pour Bardella, l’exemple italien illustre la possibilité de mettre en œuvre une politique de contrôle migratoire stricte tout en conservant une approche humaniste du traitement des personnes. « Ce que Salvini confirme, c’est qu’il est possible de prendre des décisions fermes sans renier certaines valeurs fondamentales », m’explique-t-il. Une nuance importante dans sa rhétorique qui révèle une volonté d’affiner le positionnement politique du Rassemblement National sur ces questions sensibles.
Je note également que l’admiration pour le modèle italien s’inscrit dans une stratégie plus large de normalisation du parti. En s’appuyant sur des exemples de gouvernance jugés efficaces à l’étranger, Bardella tente de prouver la crédibilité de son mouvement à exercer le pouvoir. La référence constante à Salvini n’est donc pas anodine : elle vise à inscrire le RN dans un courant politique européen qui a déjà fait ses preuves ailleurs.
Dans cette logique, Bardella souligne que « la coalition gouvernementale italienne prouve qu’une alliance entre partis aux sensibilités différentes peut fonctionner lorsqu’elle est fondée sur un contrat clair ». Une allusion à peine voilée aux perspectives d’alliances que pourrait envisager le RN dans le contexte politique français, tout en rappelant l’importance d’un cadre programmatique précis.
Décryptage des politiques économiques et migratoires saluées par Bardella
Au cours de notre échange, j’ai voulu creuser davantage les aspects concrets des politiques italiennes qui séduisent tant le jeune responsable politique. Sur le plan économique, Bardella m’a détaillé son intérêt pour la politique fiscale mise en place par le gouvernement Conte. « Le courage fiscal dont fait preuve l’Italie en tenant tête aux injonctions européennes mérite notre attention », m’explique-t-il en faisant référence au bras de fer budgétaire entre Rome et Bruxelles.
Bardella voit dans cette posture un exemple de la souveraineté économique qu’il défend pour la France. J’observe pourtant qu’il élude soigneusement la question de la dette italienne et des déficits structurels qui fragilisent l’économie transalpine. Cette sélectivité dans l’analyse révèle une approche parfois partielle des réalités italiennes, centrée sur les aspects qui servent son discours politique.
Sur le volet migratoire, thème central de la politique salvinnienne, Bardella insiste sur l’efficacité des mesures adoptées. « La politique de fermeté aux frontières italiennes a permis de réduire significativement les flux migratoires irréguliers », affirme-t-il, chiffres à l’appui. Je constate qu’il évite néanmoins d’aborder frontalement certaines controverses liées aux méthodes employées, notamment concernant le traitement des ONG de sauvetage en mer.
L’entretien met également en lumière l’admiration de Bardella pour la communication politique de Salvini. « Sa capacité à s’adresser directement aux Italiens, en contournant les médias traditionnels, est exemplaire », souligne-t-il. Une stratégie qu’il semble vouloir adopter lui-même, comme en témoigne sa présence croissante sur les réseaux sociaux et ses interventions médiatiques soigneusement calibrées.
Les limites d’une transposition du modèle italien en France
Dans la dernière partie de notre entretien, j’ai souhaité confronter Jordan Bardella aux spécificités françaises qui pourraient limiter l’application d’un « modèle Salvini » dans l’Hexagone. Malgré son enthousiasme pour l’expérience italienne, le jeune responsable reconnaît certaines différences fondamentales entre les deux pays.
« Le contexte institutionnel français, avec un régime présidentiel fort, diffère sensiblement du parlementarisme italien« , admet-il. Cette réalité implique que les stratégies d’alliance et d’exercice du pouvoir ne peuvent être simplement calquées d’un pays à l’autre. J’apprécie cette nuance qui montre une certaine maturité politique chez mon interlocuteur.
Bardella évoque également les différences culturelles et historiques qui façonnent les sensibilités politiques des deux côtés des Alpes. « La relation à l’Europe, à l’immigration ou à l’économie s’inscrit dans des traditions nationales distinctes », analyse-t-il. Une réflexion qui témoigne d’une conscience des particularismes nationaux souvent négligée dans les comparaisons politiques internationales.
Néanmoins, il persiste à voir dans l’expérience italienne une source d’inspiration majeure pour le Rassemblement National. « Ce que nous retenons avant tout du modèle Salvini, c’est sa capacité à transformer un parti contestataire en force de gouvernement crédible », conclut-il. Un objectif qui, à l’évidence, constitue l’horizon politique de Jordan Bardella pour son propre mouvement.
Analyste politique rigoureux, Thomas décrypte les mécanismes du pouvoir et les décisions publiques avec clarté et esprit critique. Son credo : rendre lisible ce qui est volontairement complexe. Amateur de romans noirs et de débats de fond.