Élections présidentielles : Marine Le Pen, Zemmour et Macron face à l’abstention – Qui sera élu ?

Les élections présidentielles françaises de 2022 ont marqué un tournant dans le paysage politique national. Entre la montée des extrêmes, la réélection d’Emmanuel Macron et un taux d’abstention préoccupant, ce scrutin a révélé les fractures profondes de la société française. Comment les principaux candidats ont-ils navigué dans cette campagne tumultueuse ? Quels facteurs ont influencé le choix des électeurs ou leur désengagement ? Retour sur une élection qui a redessiné les contours de la vie politique française.

Le duel Macron-Le Pen : un remake de 2017 aux enjeux renouvelés

La présidentielle de 2022 a vu s’affronter à nouveau Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour, cinq ans après leur premier duel. Pourtant, le contexte politique et social avait profondément évolué depuis le précédent scrutin. Le président sortant abordait cette élection avec le bilan contrasté de son premier quinquennat, marqué par la crise des Gilets jaunes et la pandémie de Covid-19.

Marine Le Pen, quant à elle, poursuivait sa stratégie de dédiabolisation entamée plusieurs années auparavant. La candidate du Rassemblement National a réussi à adoucir son image et à s’imposer comme une alternative crédible pour de nombreux Français. Son discours centré sur le pouvoir d’achat a trouvé un écho favorable dans un contexte d’inflation naissante et d’inquiétudes économiques.

La campagne présidentielle a également été marquée par l’irruption d’Éric Zemmour sur la scène politique. L’ancien polémiste a captivé l’attention médiatique pendant plusieurs mois avec ses positions radicales sur l’immigration et l’identité nationale. Sa présence a paradoxalement servi Marine Le Pen, qui est apparue plus modérée par contraste.

Les sondages ont montré une dynamique favorable à Marine Le Pen, avec un écart qui se resserrait dans les intentions de vote par rapport à 2017. Emmanuel Macron, occupé par la présidence française de l’Union européenne et la guerre en Ukraine, a tardé à entrer véritablement en campagne. Cette entrée tardive dans l’arène électorale a été perçue par certains comme du mépris envers les électeurs, renforçant un sentiment de déconnexion entre le président et une partie des Français.

L’abstention et le vote blanc : les autres vainqueurs du scrutin

L’un des phénomènes les plus marquants de cette élection présidentielle a été le niveau préoccupant d’abstention lors des deux tours de scrutin. Au premier tour, 26,3% des électeurs inscrits ne se sont pas déplacés, un chiffre qui a grimpé à 28,1% au second tour – le plus haut niveau depuis 1969 pour un second tour présidentiel.

Cette désaffection électorale témoigne d’une crise démocratique profonde. De nombreux citoyens ne se reconnaissent plus dans l’offre politique traditionnelle ou estiment que leur vote n’aura aucun impact sur leur quotidien. Les quartiers populaires et les jeunes figurent parmi les catégories les plus touchées par ce phénomène d’abstention.

Le vote blanc a également atteint des niveaux significatifs, avec près de 2,2 millions de bulletins blancs lors du second tour. Ces électeurs ont fait l’effort de se déplacer jusqu’aux urnes pour exprimer leur refus des deux options proposées. Ce « troisième homme » invisible de l’élection souligne l’inadéquation perçue entre les attentes citoyennes et l’offre politique.

Les analystes politiques ont souligné que ce phénomène d’abstention et de vote blanc révélait une fracture profonde au sein de la société française. Les électeurs issus des classes populaires, rurales ou périurbaines se sont montrés particulièrement désengagés du processus électoral, tandis que les catégories plus aisées et diplômées ont davantage participé au scrutin.

Cette participation différenciée selon les catégories sociales pose la question de la représentativité réelle du résultat final et de la légitimité du président élu. Emmanuel Macron a d’ailleurs reconnu dans son discours de victoire la nécessité de réconcilier les Français avec leur système politique.

Vers une recomposition durable du paysage politique français

Les résultats de cette élection présidentielle ont confirmé l’effondrement des partis traditionnels qui structuraient la vie politique française depuis des décennies. Les Républicains et le Parti Socialiste, qui alternaient au pouvoir sous la Ve République, ont connu des scores historiquement bas avec respectivement 4,8% pour Valérie Pécresse et 1,7% pour Anne Hidalgo.

À l’inverse, les forces politiques situées aux extrêmes du spectre politique ont connu une progression fulgurante. L’extrême droite, représentée par Marine Le Pen et Éric Zemmour, a cumulé près de 30% des suffrages dès le premier tour. La gauche radicale incarnée par Jean-Luc Mélenchon a également réalisé une percée significative avec 22% des voix.

Cette polarisation de la vie politique française s’est confirmée lors des élections législatives qui ont suivi, avec l’émergence d’un parlement divisé en trois blocs : le centre macroniste, l’union des gauches (NUPES) et l’extrême droite. Cette nouvelle configuration tripartite marque une rupture avec le bipartisme traditionnel et annonce des difficultés de gouvernance pour les années à venir.

La victoire d’Emmanuel Macron avec 58,5% des suffrages exprimés au second tour masque en réalité une fragilité politique. Privé de majorité absolue à l’Assemblée Nationale, le président réélu a dû composer avec une opposition renforcée et des compromis difficiles à construire.

Cette recomposition du paysage politique français s’inscrit dans un mouvement plus large observé dans de nombreuses démocraties occidentales, où les clivages traditionnels cèdent la place à de nouvelles fractures entre mondialistes et souverainistes, entre tenants de l’ouverture et partisans du repli identitaire.

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