Bilan de Giorgia Meloni : trois années de gouvernement italien entre réussites économiques et controverses

Bilan de Giorgia Meloni : trois années de gouvernement italien entre réussites économiques et controverses

Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, Giorgia Meloni, première femme à diriger l’Italie, a marqué la politique nationale et internationale. Son bilan après près de trois années de gouvernement mérite une analyse approfondie pour comprendre les transformations qu’elle a apportées à la péninsule italienne.

Le parcours économique de l’Italie sous Meloni

Lorsque Giorgia Meloni a pris les rênes du gouvernement italien, l’économie du pays faisait face à de nombreux défis. La pandémie avait laissé des séquelles profondes, avec une dette publique dépassant 150% du PIB. Le redressement économique figurait donc en tête des priorités de l’exécutif Meloni, qui s’est immédiatement attelé à cette tâche.

L’une des premières mesures significatives a été la réforme fiscale, destinée à alléger la pression sur les classes moyennes tout en tentant de préserver les finances publiques. Le taux de croissance italien a connu une amélioration progressive, atteignant 1,2% en 2024, dépassant les prévisions initiales des organismes internationaux. Cette performance, bien que modeste comparée à certains voisins européens, représente un progrès dans le contexte italien.

Le chômage, problème chronique en Italie, a connu une légère baisse sous la gouvernance Meloni, passant de 8,1% à 7,2%. D’un autre côté, les disparités régionales persistent entre le Nord industrialisé et le Sud économiquement fragile, illustrant les limites des politiques mises en œuvre.

En matière d’investissements, le gouvernement a mobilisé efficacement les fonds du plan de relance européen post-Covid. L’Italie, principale bénéficiaire de ce programme avec 191,5 milliards d’euros alloués, a réussi à respecter les échéances fixées par Bruxelles pour débloquer les tranches successives, un accomplissement salué par les observateurs économiques.

Indicateur économique 2022 (début mandat) 2025 (après trois ans)
Croissance du PIB 0,4% 1,2%
Taux de chômage 8,1% 7,2%
Dette publique (% du PIB) 150,3% 142,8%
Inflation 8,1% 1,9%

Politique migratoire et relations internationales

La gestion des flux migratoires constituait un pilier central du programme de Fratelli d’Italia, le parti de Meloni. Sa politique migratoire restrictive s’est concrétisée par plusieurs mesures controversées, notamment les accords avec des pays tiers comme l’Albanie pour y établir des centres de traitement des demandes d’asile hors du sol italien.

Ces initiatives ont suscité de vives critiques de la part des organisations humanitaires et de certains partenaires européens. Néanmoins, elles ont également reçu le soutien tacite de plusieurs États membres confrontés aux mêmes défis migratoires. Les chiffres officiels indiquent une baisse significative des arrivées par la Méditerranée, bien que l’efficacité à long terme de cette approche reste débattue.

Sur la scène internationale, Meloni a surpris par sa capacité à naviguer entre ses positions souverainistes et les exigences de la diplomatie. Son soutien sans équivoque à l’Ukraine dans le conflit avec la Russie a contribué à rassurer les alliés occidentaux initialement inquiets de son arrivée au pouvoir. Les relations avec Donald Trump ont également fait l’objet d’une attention particulière de Meloni, consciente de l’importance du partenariat transatlantique.

Dans ses rapports avec l’Union européenne, la cheffe du gouvernement italien a adopté une approche pragmatique, adoucissant sa rhétorique eurosceptique d’avant l’élection. Cette évolution lui a permis de :

  • Négocier efficacement la révision du plan de relance national
  • Peser dans les discussions sur la réforme du pacte de stabilité
  • Renforcer l’influence italienne au sein des institutions européennes
  • Développer des alliances stratégiques avec d’autres gouvernements conservateurs

Les réformes sociétales et les controverses

Le bilan de Giorgia Meloni ne peut être évalué sans aborder les réformes sociétales et les nombreuses controverses qui ont jalonné son mandat. La question des droits LGBTQ+ a cristallisé les tensions, avec des mesures perçues comme restrictives par les associations concernées, notamment concernant l’homoparentalité et la reconnaissance des familles arc-en-ciel.

En matière de droits des femmes, le gouvernement Meloni a présenté un bilan contrasté. D’une part, la première ministre a symbolisé un plafond de verre brisé en accédant à la plus haute fonction gouvernementale. D’autre part, certaines politiques, notamment concernant l’interruption volontaire de grossesse, ont suscité l’inquiétude des mouvements féministes, qui dénoncent une régression potentielle.

La réforme constitutionnelle visant à instaurer le « premierato », renforçant considérablement les pouvoirs du chef de gouvernement, constitue l’un des chantiers les plus ambitieux et controversés de Meloni. Les opposants y voient une dérive autoritaire, tandis que ses partisans défendent une nécessaire stabilisation du système politique italien, traditionnellement fragile.

Les critiques concernant la liberté de la presse se sont également multipliées, des organisations internationales comme Reporters sans frontières pointant des pressions accrues sur les médias publics. La réforme de la RAI (radiotélévision publique italienne) a notamment été perçue comme une tentative de contrôle politique de l’information.

Perspectives et défis futurs

Le bilan de Giorgia Meloni à mi-mandat révèle une dirigeante plus pragmatique qu’anticipé, capable d’adapter sa ligne idéologique aux exigences gouvernementales. Sa popularité, bien qu’en léger recul, demeure substantielle avec des taux d’approbation oscillant autour de 40%, un niveau enviable après trois années d’exercice du pouvoir.

Pour la seconde moitié de son mandat, plusieurs défis majeurs se profilent. Sur le plan économique, la pérennisation de la croissance et la réduction de la dette publique restent des objectifs prioritaires. La mise en œuvre complète des projets financés par le plan de relance européen constituera un test décisif pour l’efficacité gouvernementale.

Les élections européennes ont confirmé la domination de Fratelli d’Italia sur l’échiquier politique national, renforçant la position de Meloni. Cette légitimité renouvelée pourrait l’encourager à accélérer ses réformes les plus controversées, au risque d’exacerber les tensions sociales.

La capacité de Giorgia Meloni à maintenir la cohésion de sa coalition gouvernementale, malgré les rivalités internes avec la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia, représentera également un facteur déterminant pour l’avenir politique italien.

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