Giorgia Meloni a marqué l’histoire politique italienne en devenant la première femme à occuper le poste de Présidente du Conseil des ministres en octobre 2022. Son ascension rapide et son positionnement politique ont considérablement transformé le paysage politique italien tout en influençant les dynamiques européennes. À la tête du parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), cette figure de la droite radicale italienne a su imposer sa vision dans un contexte de défis multiples pour l’Italie.
L’ascension politique de Meloni en Italie
Le parcours de Giorgia Meloni illustre une trajectoire politique remarquable dans le paysage italien. Née dans un quartier populaire de Rome, elle s’engage très jeune en politique et gravit progressivement les échelons. À seulement 29 ans, elle devient vice-présidente de la Chambre des députés, puis ministre de la Jeunesse sous le gouvernement Berlusconi entre 2008 et 2011.
En 2012, la création du parti Fratelli d’Italia marque un tournant décisif dans sa carrière. Initialement marginal avec seulement 2% des suffrages, ce mouvement politique connaît une croissance spectaculaire sous sa direction. Les élections législatives de 2022 constituent le point culminant de cette ascension avec 26% des voix, propulsant Meloni à la tête du gouvernement italien.
Ce succès s’explique en grande partie par sa capacité à capter le mécontentement populaire face aux crises successives. Sa rhétorique combinant défense des valeurs traditionnelles, euroscepticisme modéré et discours anti-immigration a trouvé un écho favorable auprès d’une partie significative de l’électorat italien. Comme d’autres leaders conservateurs confrontés à la contestation politique, Meloni a su transformer les critiques en opportunités de renforcement.
Le gouvernement Meloni s’appuie sur une coalition comprenant:
- Fratelli d’Italia, son propre parti d’inspiration post-fasciste
- La Lega de Matteo Salvini, formation populiste de droite
- Forza Italia, le parti centriste-conservateur fondé par Silvio Berlusconi
- Plusieurs petites formations conservatrices
Cette alliance permet à Meloni de disposer d’une majorité parlementaire stable, malgré des tensions internes occasionnelles sur certains dossiers sensibles comme la politique migratoire ou les relations avec l’Union européenne.
Les politiques économiques et sociales sous Meloni
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Meloni a mis en œuvre plusieurs réformes structurelles visant à redynamiser l’économie italienne. La politique économique adoptée mêle rigueur budgétaire et mesures de soutien ciblées, cherchant à réduire progressivement l’importante dette publique italienne tout en stimulant la croissance.
Le plan d’utilisation des fonds européens du programme NextGenerationEU représente un pilier central de cette stratégie. L’Italie, principal bénéficiaire avec près de 200 milliards d’euros alloués, a réorienté certaines priorités sous l’impulsion de Meloni, privilégiant davantage les infrastructures et le soutien aux entreprises par rapport aux transitions écologique et numérique initialement prévues.
Sur le plan fiscal, la réforme engagée vise à simplifier le système d’imposition tout en allégeant la pression fiscale sur les classes moyennes et les entreprises. Cette approche s’accompagne d’un durcissement des mesures contre l’évasion fiscale, problème chronique en Italie.
Les indicateurs économiques italiens sous le gouvernement Meloni montrent des résultats contrastés:
Indicateur | 2023 | 2024 (prévision) | 2025 (projection) |
---|---|---|---|
Croissance du PIB | 0,9% | 1,2% | 1,4% |
Taux de chômage | 7,7% | 7,3% | 7,0% |
Dette publique (% du PIB) | 140,2% | 138,9% | 137,1% |
Inflation | 5,9% | 2,1% | 1,8% |
En matière sociale, les réformes engagées s’inscrivent dans une vision conservatrice. La protection de la famille traditionnelle constitue un axe prioritaire, avec des mesures de soutien à la natalité et aux familles nombreuses. Parallèlement, les droits LGBT+ ont connu un recul significatif, notamment concernant l’adoption et la reconnaissance des couples de même sexe.
L’influence de Meloni sur la politique européenne
L’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni a suscité de nombreuses inquiétudes au sein des institutions européennes. Pourtant, son positionnement s’est révélé plus pragmatique qu’anticipé sur plusieurs dossiers clés. Elle a notamment adopté une posture ferme mais constructive sur la guerre en Ukraine, soutenant activement les sanctions contre la Russie et l’aide militaire à Kiev.
Sur la question migratoire, thème central de sa campagne, Meloni a poursuivi une politique restrictive tout en cherchant des solutions coordonnées au niveau européen. Les accords avec la Tunisie et l’Albanie pour externaliser le traitement des demandes d’asile illustrent cette approche, désormais considérée comme un modèle potentiel par certains États membres confrontés à des défis migratoires similaires.
Les relations avec Bruxelles se sont progressivement normalisées, Meloni ayant abandonné sa rhétorique eurosceptique radicale au profit d’un discours prônant une « Europe des nations » respectant davantage les souverainetés nationales. Cette évolution tactique lui a permis de devenir un acteur influent dans plusieurs négociations européennes importantes.
Au niveau des alliances européennes, Meloni a pris ses distances avec les figures les plus radicales de l’extrême droite continentale. Son rapprochement avec les conservateurs traditionnels s’est concrétisé lors des élections européennes de 2024, où son parti a confirmé sa position dominante en Italie tout en renforçant le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) qu’elle préside.
Perspectives d’avenir pour l’Italie sous Meloni
À mi-mandat, le gouvernement Meloni conserve une popularité relativement stable malgré les défis économiques et sociaux auxquels l’Italie fait face. Les réformes structurelles engagées commencent à produire des résultats tangibles, même si le poids de la dette publique continue de limiter les marges de manœuvre budgétaires.
L’évolution du positionnement politique de Meloni mérite une attention particulière. Sa stratégie de normalisation, tant sur le plan national qu’international, vise à consolider son pouvoir tout en élargissant sa base électorale. Cette transformation graduelle d’un mouvement post-fasciste en parti de gouvernement conservateur traditionnel constitue un phénomène politique notable dans le contexte européen actuel.
Les prochaines années seront déterminantes pour évaluer la capacité de Meloni à concilier les attentes de son électorat traditionnel avec les impératifs de gouvernance. Les tensions au sein de sa coalition gouvernementale pourraient s’accentuer à l’approche des prochaines échéances électorales, particulièrement si les résultats économiques ne sont pas à la hauteur des promesses.
L’expérience Meloni en Italie constitue ainsi un laboratoire politique captivant, dont les enseignements dépassent largement les frontières italiennes. Son succès ou son échec influencera probablement les stratégies d’autres formations politiques similaires à travers l’Europe, dans un contexte de polarisation croissante des débats politiques.

Leïla explore les mouvements culturels, les idées émergentes et les voix alternatives. Entre entretiens, chroniques et reportages, elle met en lumière celles et ceux qui réinventent notre façon de penser, créer, vivre. Elle aime les marges, les livres, et les cafés bondés.