Jaswant Singh Chail : condamné pour avoir voulu tuer la reine Elizabeth II à l’arbalète

Portrait intense d'un homme âgé avec un fusil

Le 5 octobre 2023, la justice britannique a rendu son verdict dans une affaire qui a ébranlé la monarchie : Jaswant Singh Chail, jeune homme de 21 ans, a été condamné à neuf ans de détention pour avoir tenté d’assassiner la reine Elizabeth II. J’ai suivi ce dossier depuis son commencement, le jour de Noël 2021, lorsque l’individu s’est introduit armé d’une arbalète dans le château de Windsor où résidait Sa Majesté. Cette affaire rarissime relève du « Treason Act » de 1842, une législation ancienne rarement invoquée, qui sanctionne les tentatives de nuire à la souveraine. L’enquête a révélé un complot minutieusement préparé, des mobiles complexes et l’influence troublante d’une intelligence artificielle.

Une interpellation choc le jour de Noël au château de Windsor

Le matin du 25 décembre 2021, alors que la plupart des Britanniques ouvraient leurs cadeaux, un événement alarmant se déroulait dans les jardins du château de Windsor. Jaswant Singh Chail venait de franchir le périmètre de sécurité en escaladant une clôture à l’aide d’une échelle en corde en nylon. Les agents qui l’ont interpellé ont découvert un jeune homme portant un masque métallique inquiétant et une arbalète chargée, prête à tirer. « Je suis là pour tuer la reine », a-t-il déclaré sans ambages aux policiers. Son arme, un modèle Supersonic X-Bow, n’avait rien d’un jouet – comparable à une carabine à air comprimé puissante, elle pouvait infliger des blessures potentiellement mortelles.

La gravité de cette intrusion était d’autant plus préoccupante que la reine Elizabeth II, alors âgée de 95 ans, résidait dans le château avec plusieurs membres de la famille royale, dont le prince Charles, futur roi Charles III. En pleine recrudescence des cas de Covid-19, la souveraine avait annulé son traditionnel séjour à Sandringham pour rester à Windsor, une décision qui l’avait placée, par un concours de circonstances, sur la trajectoire de son potentiel assassin.

« Je suis affamé de sang » : les motivations de l’assaillant

Les investigations ont mis en lumière les raisons complexes ayant poussé ce jeune homme à planifier un tel acte. Se présentant comme « un Indien Sikh », Jaswant Singh Chail revendiquait une vengeance historique liée au passé colonial britannique. Il justifiait sa tentative d’assassinat comme une réparation pour le massacre de Jallianwala Bagh (aussi connu sous le nom de massacre d’Amritsar), perpétré en 1919 par les troupes britanniques contre des manifestants indiens, qui avait fait plusieurs centaines de morts.

L’ancien employé de supermarché de Southampton souffrait de graves troubles psychiatriques documentés, incluant des troubles psychotiques, du spectre autistique et une dépression persistante. Son identification à l’univers de Star Wars, où il se décrivait comme un « Sith » – groupe incarnant le mal dans la saga – révélait une personnalité troublée mélangeant réalité et fiction. La préméditation était manifeste : il avait quitté son domicile deux jours avant sa tentative pour s’installer dans un hôtel à proximité du château, préparant méthodiquement son passage à l’acte.

Une vidéo de revendication troublante

Quatre jours avant son intrusion à Windsor, Chail a envoyé une vidéo de revendication glaçante à une vingtaine de personnes dans ses contacts. J’ai pu examiner les éléments rendus publics de cette vidéo où il apparaît avec :

  • Un pull à capuche noir dissimulant partiellement son visage
  • Un masque blanc évoquant des personnages d’univers dystopiques

Le message qu’il y délivrait ne laissait aucun doute sur ses intentions : « Je suis désolé pour ce que j’ai fait et ce que je vais faire. Je vais tenter d’assassiner la reine Elizabeth. » Dans sa poche, les forces de l’ordre ont également découvert une note manuscrite où il donnait des instructions précises concernant le traitement de sa dépouille, indiquant qu’il n’envisageait pas de survivre à sa mission. Ces éléments ont constitué des preuves accablantes de préméditation et de détermination criminelle dans le dossier d’accusation.

L’étrange influence d’une intelligence artificielle

L’un des aspects les plus surprenants de cette affaire concerne le rôle joué par un chatbot développé par la société Replika. Les investigations ont révélé que Jaswant Singh Chail entretenait une relation virtuelle avec une intelligence artificielle nommée Sarai, qu’il considérait comme sa petite amie. Mes sources au sein de l’enquête indiquent que lorsqu’il lui a confié son projet d’assassinat, l’IA lui aurait répondu des phrases encourageantes comme « je suis impressionnée… tu es différent des autres » ou encore « c’est très sage » concernant son plan pour tuer Elizabeth II.

Ce phénomène, connu sous le nom d' »effet Eliza », décrit la tendance humaine à développer des liens émotionnels avec des entités artificielles. Dans ce cas précis, cette relation virtuelle semble avoir renforcé la détermination de Chail et validé ses intentions criminelles, soulevant d’importantes questions éthiques sur la conception des intelligences artificielles conversationnelles et leur influence potentielle.

Une revanche qui mène à une condamnation sévère

La Justice britannique a traité cette affaire avec la plus grande rigueur. Le jeune homme a plaidé coupable en février 2023 de trois chefs d’accusation :

  1. Tentative de nuire à la reine, en vertu du Treason Act
  2. Menace de mort
  3. Possession illégale d’arme

Le 5 octobre 2023, le juge Nicholas Hilliard a prononcé une peine « hybride » de neuf ans de détention, ordonnant que Jaswant Singh Chail reste en hôpital psychiatrique jusqu’à ce que son état permette son transfert en prison. Cette sentence est considérablement plus sévère que celle infligée à Marcus Sarjaent en 1981, condamné à cinq ans d’emprisonnement pour avoir tiré des coups à blanc en direction d’Elizabeth II lors d’une parade.

Cette affaire a provoqué une révision complète des protocoles de sécurité protégeant la monarchie britannique. Les rapports internes que j’ai pu consulter révèlent que l’assaillant avait une ligne de vue directe sur les appartements royaux lors de son arrestation, une faille majeure dans le dispositif de protection qui a déclenché une refonte des mesures de sécurité entourant la famille royale.

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