Les relations entre Viktor Orban et Israël ont connu de nombreuses fluctuations au fil des années, oscillant entre rapprochement stratégique et tensions diplomatiques. Le Premier ministre hongrois, figure controversée sur la scène européenne, entretient avec l’État hébreu des liens complexes qui reflètent sa vision géopolitique particulière et son positionnement au sein de l’Union européenne.
L’évolution des relations entre Orban et Israël
Viktor Orban a cultivé des relations privilégiées avec Israël depuis son retour au pouvoir en 2010. Cette politique de rapprochement s’inscrit dans sa stratégie plus large d’alliances avec des gouvernements conservateurs. Le dirigeant hongrois a notamment développé une relation personnelle avec Benjamin Netanyahu, alors Premier ministre israélien, basée sur des affinités idéologiques et une vision commune de la défense de la souveraineté nationale.
En 2017, Orban a accueilli Netanyahu à Budapest, marquant la première visite d’un Premier ministre israélien en Hongrie depuis la chute du communisme. Cette rencontre a symbolisé l’approfondissement des liens bilatéraux, avec la signature de plusieurs accords économiques et culturels. La Hongrie est devenue l’un des plus fervents défenseurs d’Israël au sein de l’Union européenne, s’opposant régulièrement aux critiques formulées contre la politique israélienne dans les territoires palestiniens.
Cette alliance s’est manifestée concrètement par le soutien hongrois à des décisions controversées, comme le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem en 2018. Orban a également bloqué plusieurs déclarations communes de l’UE critiquant les actions israéliennes. Cette position a souvent isolé Budapest au sein des institutions européennes, mais a renforcé les liens bilatéraux avec Tel-Aviv.
Les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu une croissance significative, passant de 400 millions de dollars en 2010 à plus de 700 millions en 2023. Les investissements israéliens en Hongrie se sont multipliés, notamment dans les secteurs technologiques et immobiliers.
Année | Événement clé | Impact sur les relations |
---|---|---|
2010 | Retour d’Orban au pouvoir | Début du rapprochement stratégique |
2017 | Visite de Netanyahu à Budapest | Renforcement des liens bilatéraux |
2018 | Blocage de déclarations critiques de l’UE | Isolation de la Hongrie au sein de l’UE |
2023 | Tensions sur la guerre à Gaza | Refroidissement des relations |
Les controverses et tensions dans le partenariat Orban-Israël
Malgré ce rapprochement, les relations entre Orban et Israël n’ont pas été exemptes de controverses. Le discours parfois ambigu du Premier ministre hongrois sur l’antisémitisme a provoqué des tensions avec la communauté juive internationale et les autorités israéliennes. Sa campagne contre George Soros, financier américain d’origine hongroise et juive, a été perçue comme véhiculant des stéréotypes antisémites, malgré les dénégations d’Orban.
En 2017, lors de la visite de Netanyahu, Orban a suscité une polémique en faisant l’éloge de Miklós Horthy, régent de Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale et collaborateur des nazis. Ces déclarations ont provoqué l’indignation en Israël, même si les relations officielles n’ont pas été affectées durablement.
La position d’Orban sur la question palestinienne a également évolué de manière complexe. Si le gouvernement hongrois soutient officiellement la solution à deux États, sa défense inconditionnelle des positions israéliennes a souvent été critiquée par les défenseurs des droits des Palestiniens. Cette position a parfois placé la Hongrie en porte-à-faux avec les positions traditionnelles de l’UE.
Les principaux points de friction entre Orban et Israël incluent :
- La rhétorique parfois ambiguë sur l’antisémitisme et la mémoire de la Shoah
- Les campagnes controversées contre George Soros
- La réhabilitation partielle de figures historiques liées au régime pro-nazi
- Les relations de la Hongrie avec des pays hostiles à Israël, comme l’Iran
- Le soutien à des positions nationalistes qui résonnent avec certains mouvements d’extrême droite
L’impact des positions d’Orban sur les relations européennes avec Israël
La politique d’Orban envers Israël s’inscrit dans sa vision plus large d’une « démocratie illibérale » et de son opposition à certaines orientations de l’Union européenne. Le Premier ministre hongrois utilise son alliance avec Israël comme un levier dans ses relations avec Bruxelles, se positionnant comme un défenseur des valeurs judéo-chrétiennes face à ce qu’il perçoit comme une menace islamiste.
Cette stratégie a eu des répercussions significatives sur la politique étrangère européenne. En bloquant systématiquement les déclarations communes critiquant Israël, la Hongrie a affaibli la capacité de l’UE à parler d’une seule voix sur le conflit israélo-palestinien. Ce positionnement a contribué à fragmenter davantage la politique étrangère européenne, déjà mise à mal par d’autres dissensions.
La proximité d’Orban avec Netanyahu, puis avec son successeur, a également influencé les relations d’autres pays d’Europe centrale avec Israël. Le groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) a globalement adopté une position plus favorable à Israël que les pays d’Europe occidentale, créant une division est-ouest supplémentaire au sein de l’UE.
L’approche d’Orban envers Israël révèle les contradictions de sa politique étrangère : tout en cultivant des liens avec des régimes autoritaires comme la Russie ou la Chine, il maintient une alliance forte avec une démocratie comme Israël. Cette apparente contradiction s’explique par une approche pragmatique des relations internationales, privilégiant les intérêts nationaux et les affinités idéologiques sur les principes démocratiques.
Les récents développements au Moyen-Orient, notamment autour de Gaza, ont en revanche mis à l’épreuve cette alliance. Si Orban continue de soutenir le droit d’Israël à se défendre, certaines nuances apparaissent dans son discours, reflétant peut-être les préoccupations de l’opinion publique hongroise face aux conséquences humanitaires du conflit.
L’avenir des relations entre Orban et Israël dépendra largement de l’évolution politique dans les deux pays, mais aussi des dynamiques régionales et internationales. La stabilité de cette alliance constitue un élément significatif de la géopolitique européenne contemporaine, illustrant les recompositions en cours dans un ordre mondial en mutation.

Leïla explore les mouvements culturels, les idées émergentes et les voix alternatives. Entre entretiens, chroniques et reportages, elle met en lumière celles et ceux qui réinventent notre façon de penser, créer, vivre. Elle aime les marges, les livres, et les cafés bondés.